Ce dimanche 10 octobre, plus de 50.000 personnes ont marché dans les rues de Bruxelles pour protester contre l’inaction des gouvernements face à l’urgence climatique. La 26eConférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) aura lieu à Glasgow du 1er au 12 novembre. C’est donc le moment ou jamais, pour les citoyens et citoyennes du monde entier, de faire entendre leur voix pour qu’un changement de cap radical soit opéré. SOS Faim et son réseau de volontaires se sont donc joint à la marche. Les pancartes et banderoles préparées pour l’occasion arborent trois messages clés portés par l’organisation :
- Les agriculteurs du monde entier comptent parmi les premières victimes du réchauffement climatique. Si des mesures radicales ne sont pas prises, la faim et la pauvreté rurale sont donc vouées à augmenter dangereusement dans les prochaines décennies.
- L’agriculture industrielle est une cause majeure du réchauffement : il faut donc en finir avec ce modèle de production destructeur.
- Le développement de l’agroécologie et de l’agriculture paysanne, en revanche, est une solution incontournable pour réduire l’impact climatique de notre alimentation, tout en restaurant les écosystèmes détruits par plusieurs décennies d’exploitation intensive.
Parmi le groupe de volontaires portant les bannières de SOS Faim, Agron Cupishti nous partage le récit d’une carotte géante qui, par cette belle journée du 10 octobre, décida de rejoindre la marche pour le climat.
« Coeur de carotte »
Dans la vie, j’ai déjà fait le con, le mort. Ce midi, je fais carotte ! C’est bien, ça change. Puis c’est bon les carottes et ça donne bonne vue. Pas de chance, je vais défiler avec mes lunettes et même avec ma jolie mallette, fidèle et tout. Oui, je vais défiler avec des gens sympas de l’association SOS Faim. On n’est pas nombreux, une poignée, perdue parmi la foule sortie dans les rues. Mais cette poignée est vigoureuse… et bon enfant en même temps. Le « chef » aussi est sympa. Avec lui, on a griffonné et badigeonné des tas de pancartes. Moi, mon slogan sera : « Encore un degré et les carottes sont cuites ». Ah oui ! J’ai oublié de dire, on marche pour le climat, pour des revenus plus convenables pour les agriculteurs, les petits paysans un peu partout dans le monde, pour privilégier les circuits courts, une nourriture plus saine, le local, l’équitable. On ne sera pas seuls. La poignée va rejoindre d’autres poignées et avec cela, on espère forcer la main des grosses légumes, à savoir les politiciens, informer les gens aussi sur certaines urgences et nécessités.
C’est parti, je défile ! Chanel, Dior, Versace, Armani ? Non, non. Carotte de chez « Le palais des Cotillons », centre-ville Bruxelles. On démarre gare du Nord, objectif le Cinquantenaire. Objectif surtout donc, alerter, informer, scander mais sans scandale, divertir bien sûr. Faire amis-amis avec la police. Pas question que la carotte finisse dans un panier à salade ! On est finalement nombreux à la gare du Nord, il y a des associations partout. Les pancartes s’érigent vers le ciel bleu. L’air est doux. Trop doux peut-être pour un mois d’octobre… Il faudrait que nos slogans si bien écrits à l’aide de feutres et de marqueurs ainsi que notre coeur tout court, en fait, s’érigent encore bien plus haut. Ou plus loin. Ca y est, cela bouge ! On chante, on rigole, on brandit nos pancartes. Quelle animation ! Aux degrés de la manifestation, il y a un ours polaire, une danseuse, un homme sur des échasses.
Je croise même un bonhomme qui fait le homard. Qu’est-ce qu’un homard fait là ? Ben, rien. Il proteste également. Et il a bien raison. Homards et carottes, même combat ! Viens-toi aussi l’ours polaire. Chaleur humaine, et même animale, végétale contre réchauffement climatique.
Certains diront, c’est trop tard, c’est utopique.
Alors continuons dans ce cas. Continuons.
Déguisons-nous pour faire tomber les masques.
Que toutes les carottes du monde se donnent…se donnent quoi au juste ?
Le coeur, tout simplement.
Plantes, animaux, êtres humains tous unis !
Encore et encore.
En chœur et en coeur.
Texte de Agron Cupishti (volontaire chez SOS Faim)
